L’INFOX : ♞ Afghanistan : les échecs interdits, car “trop stratégiques pour un peuple heureux” selon les talibans
Les pions de Satan n’auront pas le dernier mot
Kaboul, échiquier final — C’est un nouveau coup de maître du régime taliban, qui vient d’ajouter les échecs à sa liste déjà longue d’activités jugées “haram” (comprenez : “ça va encore trop loin Roger”). Après la musique, la danse, les cerfs-volants, les TikToks avec filtre papillon et l’humour involontaire, c’est désormais au tour du noble jeu millénaire de se faire mater.
“Le roi est mort, vive la charia”, aurait déclaré un mollah visiblement en rogne contre la Tour, qu’il accuse de “prendre trop de place dans le débat public”.
“Pas de dames, pas de cavalier” : le slogan est clair
Selon un décret officiel lu à la télévision nationale (un écran CRT branché sur une batterie de chèvre), les échecs sont désormais assimilés à une “activité occidentale qui sent le goulag et l’apéro laïque”.
“Ce jeu pousse les jeunes à réfléchir, à anticiper, voire à espérer. C’est inacceptable. Nous devons protéger nos citoyens de cette spirale de lucidité”, a indiqué Atal Mashwani, chef de la Direction du Sport et des Loisirs Tristes.
Une liste d’activités autorisées a été publiée en parallèle :
- Regarder un mur.
- Compter les cailloux (de préférence les pairs).
- Regarder un autre mur (sous surveillance).
- Faire la queue pour rien (activement recommandé).
- Réviser l’alphabet (interdit au-delà de la lettre C, pour éviter “CIA”).
Le pion est une métaphore trop dangereuse
Le jeu d’échecs, qui implique qu’un simple pion puisse accéder à la couronne, aurait été jugé “dangereusement subversif”, “profondément féministe” (à cause de la Dame qui poutre tout le monde) et “trop compliqué pour les membres du gouvernement” selon une source anonyme mais lucide.
Le concept même de prise en passant aurait déclenché une réunion de crise de 17 heures, au cours de laquelle un ministre aurait crié “ON NE PASSE PAS !” façon Gandalf, avant de s’évanouir dans une nappe.
Une tour pas très halal
Contacté par nos soins, Azizullah Gulzada, patron d’un café de Kaboul, confie :
“Ils m’ont dit que la tour pouvait symboliser l’occident, que le cavalier avait un comportement suspect et que le roi se faisait protéger par une dame : ça fait beaucoup pour eux.”
Le tournoi régional de Mazâr-e Charîf, qui avait réuni en 2021 des femmes joueuses d’échecs, est d’ores et déjà classé “incident moral majeur”. Un participant aurait été surpris en train de roquer sans autorisation.
Les échecs remplacés par “Trouvez la pierre la plus grise”
Dans une volonté de récréation saine et conforme à l’ordre moral, le gouvernement propose un nouveau jeu officiel : “Trouver la pierre la plus grise dans un tas de pierres grises”, également disponible en version “Blind test minéral”.
Des rumeurs font état d’un projet de plateau télévisé : La Bataille des Cailloux animée par un mollah en burn-out.
L’INFO :
Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans imposent une interprétation extrêmement rigoriste de la loi islamique, restreignant progressivement l’ensemble des libertés civiles, notamment pour les femmes. Les interdictions se sont multipliées : accès aux parcs, aux salles de sport, à l’éducation universitaire pour les femmes, ou encore certaines disciplines sportives comme le MMA.
Le 12 mai 2025, ils ont annoncé l’interdiction des échecs, arguant que le jeu est utilisé pour des paris, ce qui va à l’encontre de la loi sur la Propagation de la vertu et la prévention du vice. Cette législation, réactivée par les autorités religieuses, est utilisée pour interdire toute activité considérée comme contraire à la morale islamique telle que définie par le gouvernement.
Cette décision a suscité l’incompréhension, même chez certains partisans du régime. Des figures locales, comme Azizullah Gulzada, ont regretté la perte d’un loisir intellectuel qui rassemblait les jeunes sans enjeu d’argent. À l’international, cette interdiction est vue comme une nouvelle étape dans la répression des libertés culturelles en Afghanistan.
L’ONU continue de qualifier le régime taliban de système discriminatoire à l’égard des femmes, parlant d’“apartheid de genre”, et plusieurs ONG alertent sur le rétrécissement rapide de la vie publique, sociale et éducative dans le pays.