L’INFOX : 📰 Académie Française : le fauteuil n°18 part aux encombrants
Une mort, un fauteuil, et 38 silhouettes qui n’ont pas entendu la nouvelle
Ce jeudi, l’Académie française a perdu l’un de ses membres les plus éminents – et probablement celui dont le fauteuil avait déjà des accoudoirs en titane : Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, s’est éteint à l’âge de 88 ans. Soit 22 ans au-dessus de l’âge maximal autorisé pour passer le permis trottinette précise Anne Hidalgo.
Le fauteuil n°18, quant à lui, est rentré de lui-même dans la benne à encombrants, laissant derrière lui une forte odeur de naphtaline, des miettes de Petit-Beurre et un exemplaire de Conversation à La Catedral annoté en latin approximatif.
« On a entendu un crac, on a cru que c’était un membre. En fait, c’était juste le dossier du fauteuil qui rendait l’âme », témoigne un académicien en chuchotant, par réflexe.
Ces fauteuils qui nous regardent vieillir
Ce que l’on ignore souvent, c’est que les fauteuils de l’Académie sont des êtres sensibles. Tissés de velours, de souvenirs et d’arthrose institutionnelle, ils abritent des académiciens depuis 1635, date à laquelle le modèle ergonomique « Louis XIII édition scoliose » a été homologué par Richelieu.
Le fauteuil n°18, lui, était fatigué. Sept cent cinquante mille heures d’écoute passive, douze membres décédés in situ, trois coliques du bois, une infection à la poussière du XVIIe, et une tentative d’installation d’accoudoirs chauffants ratée en 2004.
« Ce fauteuil, c’était plus un hospice qu’un siège », confie le fauteuil n°22, avant d’ajouter : « Moi, j’ai tenu Paul Valéry, et il faisait pas d’aérobic non plus, hein. »
Fauteuil de père en lettre
Il est désormais admis que les fauteuils choisissent leurs hôtes, un peu comme les baguettes chez Ollivander. Le fauteuil n°18 avait d’ailleurs tenté de résister à Vargas Llosa, préférant “quelqu’un avec moins de prix Nobel et plus de lombaires”. Mais il fut forcé d’accueillir l’auteur péruvien avec toute la dignité d’un meuble résigné.
“Il s’asseyait doucement, mais écrivait violemment. J’ai des échardes d’ironie dans les pieds depuis La guerre de la fin du monde”, confiait-il en 2023 à Fauteuil Hebdo, le magazine de référence en mobilier pensant.
Une cérémonie d’adieu prévue mardi
L’Académie prévoit de rendre hommage à Vargas Llosa mardi prochain, lors d’une séance spéciale où les membres vivants et/ou réveillés liront un poème en alexandrins mouillés, pendant que le fauteuil 18 sera symboliquement mis en pause au rayon jardinage d’un Castorama de la banlieue sud.
La relève ? Elle est incertaine. Car comme le dit un adage connu sous la coupole :
“On ne remplace pas un fauteuil vide. On attend que la poussière décide.”
L’INFO : Mario Vargas Llosa : un écrivain monumental s’éteint
L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature en 2010, est mort à l’âge de 88 ans. Né en 1936 à Arequipa (Pérou), il a marqué la littérature mondiale par des œuvres majeures comme La Ville et les chiens, La Fête au bouc, ou encore Conversation à La Catedral.
Il était membre de l’Académie française depuis 2023, où il occupait le fauteuil n°18, précédemment détenu par Michel Serres. Sa réception avait fait polémique, notamment en raison de son âge avancé, et de sa faible maîtrise du français écrit, bien qu’il ait souvent écrit pour des publications francophones.
Vargas Llosa était une figure centrale du “boom latino-américain”, aux côtés de Gabriel García Márquez et Julio Cortázar. Son œuvre oscille entre réalisme politique, satire sociale et complexité narrative, intégrant souvent des réflexions sur le pouvoir, l’autorité, et les désillusions révolutionnaires.
L’Académie française, fondée en 1635, est composée de 40 membres élus à vie, chacun occupant un “fauteuil”. Lorsqu’un académicien décède, son siège devient vacant jusqu’à l’élection d’un successeur. Vargas Llosa était l’un des rares non-francophones à y siéger.
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